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Rhône-Élevage

Découvrez l'association avicole Rhône-Élevage, ses activités et ses expositions. Bienvenue aux éleveurs et à ceux qui vont le devenir !

Un petit mot après tout ce temps !

Bonjour à tous !

Que voici longtemps que rien de neuf n'avait fait son apparition ici ! Aussi, alors que je m'apprétais à écrire un petit texte sur les habitudes des pigeons suite à une question qui m'a été posée, je suis tombé sur un texte ancien (voire très ancien, puisque son auteur a vécu entre 116 et 27 avant J-C...c'est dire) qui me parait, malgré tout, être toujours d'actualité. Du coup, je tenais à tous vous en faire profiter ! Bonne lecture !

 carneau blanc

   Un colombier doit être construit en voûte et se terminer en forme de dôme, avec une porte étroite et des fenêtres à la carthaginoise ou plus larges même, garnies de treillis au-dedans et au dehors, de manière à laisser entrer le jour, tout en fermant le passage aux serpents et autres animaux dangereux. Les parois intérieures sont enduites de stuc, et la même application est faite autour des fenêtres en dehors, afin que ni rat ni lézard ne puisse s’y introduire; car rien n’est timide comme la colombe. On disposera pour chaque couple de pigeons des boulins de forme circulaire, distribués avec ordre et serrés les uns contre les autres, pour qu’il en tienne davantage, et de façon à remplir tout l’espace compris entre le sol et la voûte. Chaque boulin aura une ouverture qui permette au pigeon d’entrer et de sortir librement, et l’intérieur en sera de trois palmes en tous sens. A chaque rang de boulins seront adaptées des tablettes de deux palmes de largeur, qui serviront de vestibule aux pigeons, et sur lesquelles ils pourront se reposer avant d’entrer. L’on ne conduira au colombier que de l’eau limpide et pure, afin que les pigeons puissent à la fois y boire et se baigner; car leur propreté est proverbiale: aussi le gardien doit-il balayer le colombier plusieurs fois par mois; la fiente, qui le salirait en s’y amassant, est d’ailleurs d’une grande utilité pour la culture de la terre, au point que quelques auteurs la regardent comme le meilleur de tous les engrais. Le gardien doit aussi donner ses soins aux pigeons malades, retirer les morts du colombier, ainsi que les petits qui sont bons à être vendus. Les femelles couveuses seront placées dans un lieu particulier, où elles se trouveront séparées des autres par un filet, en conservant cependant la faculté de sortir. Il y a deux raisons pour en agir ainsi. Au cas où les mères viendraient à languir, et à se rebuter d’une réclusion trop prolongée, elles peuvent se refaire par une excursion en plein air. D’un autre côté, l’attachement à leur couvée garantit leur retour, à moins que le corbeau ou l’épervier ne soient là pour l’intercepter. Pour détruire ces ennemis, les gardiens enfoncent en terre deux baguettes couvertes de glu, et recourbées l’une sur l’autre. L’épervier fond sur le pigeon attaché comme appât entre ces baguettes, et se trouve pris au piège, en s’empêtrant dans la glu. Une conséquence bien connue de l’instinct qui ramène toujours le pigeon au colombier, c’est l’habitude qu’ont prise certaines personnes d’en apporter dans leur sein au théâtre, pour leur y donner la volée; ce qu’elles ne feraient pas, si elles n’avaient la certitude de voir les pigeons revenir au logis. On place la nourriture dans des mangeoires adossées aux murs du colombier, et qui se remplissent à l’extérieur au moyen de tuyaux. Les pigeons aiment le millet, le blé, l’orge, les pois, les haricots, et l’ers. On fera bien d’attirer autant que possible dans le colombier les pigeons sauvages, qui séjournent sur les tours et les combles des métairies voisines. Quand on achète des pigeons, il faut les prendre de bon âge, ni trop jeunes ni trop vieux, et qu’il y ait autant de mâles que de femelles. Rien qui pullule comme les pigeons; en quarante jours la mère conçoit, pond, couve et élève ses petits; et c’est à recommencer tout le long de l’année, sans autre intermittence que la période de solstice d’hiver à l’équinoxe du printemps. Elles ne font que deux petits à la fois, qui, à peine arrivés à leur croissance et à leur force, fécondent la mère dont ils sont sortis. Les personnes qui engraissent les petits pour les vendre plus cher les renferment à part, ils ont déjà leurs plumes; puis les gorgent avec du pain blanc mâché, qu’elles leur donnent deux fois par jour en hiver, et trois fois en été; le matin, à midi, et le soir; la ration de midi est retranchée l’hiver. On laisse dans le nid ceux qui commencent seulement à s’emplumer, après leur avoir cassé les pattes, et on donne à manger aux mères en conséquence. Les élèves qu’on fait par ce procédé engraissent plus promptement et sont toujours plus blancs que les autres. Une paire de pigeons d’une belle couleur, d’une bonne race, et qui n’a point de défaut, se vend ordinairement à Rome deux cents  deniers, et quelquefois mille, si elle est d’une beauté remarquable. Le chevalier romain L. Axius avait même refusé cette somme pour une seule paire de pigeons, qu’il ne voulait pas donner à moins de quatre cents deniers (soit l'équivalent de 400 jours de travail à l'époque).                                                                             Varron, De Re Rustica, livre III, 7            

                                                                                                    (Traduction M Nisard)

 

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